La Commission de Vérité

 

Quelles sont les causes des désarticulations sociétales et de la fracture socio-culturelle qui séparent les êtres humains en deux camps de nos jours ? Où et quand les choses ont-elles pris une mauvaise tournure ? Le schisme remonte-t-il à loin dans l’Histoire ? Jusqu’aux dits zoos humains qui ont proliféré lors des expositions universelles du XIXe siècle jusqu’à la moitié du XXe siècle, des zoos humains où l’autre était exhibé pour souligner son altérité ?

Jusqu’il y a moins d’un siècle, la Flandre et la Belgique étaient des championnes en matière d’exhibition de créatures exotiques comme dans un jardin zoologique. Ainsi, 144 Congolais à Anvers (1894), 270 Congolais à Bruxelles (1897), 128 Sénégalais et 60 Philippins à Gand (1913) furent enfermés de manière littérale ou imaginaire dans des cages lors d’expositions universelles qui ont accueilli des millions de visiteurs. La plupart des exhibés y ont laissé la vie. La rançon des expositions universelles, considérées comme des entreprises divertissantes et pédagogiques pour informer le public de l’état de la civilisation (occidentale), était élevée.

L’exhibition de créatures exotiques cadrait avec le discours raciste qui se répandait à travers l’Europe. Qui plus est, des institutions comme le gouvernement et l’Église catholique, ainsi que des universitaires et des artistes, entre autres, contribuaient à ce discours.

Avec La Commission de Vérité, Action Zoo Humain s’interroge à voix haute sur les discussions qui ont cours à l’heure actuelle et se demande si leur origine ne se situe pas dans le chapitre colonial de l’histoire de notre patrie : l’exhibition de créatures exotiques dans des simulacres de cases en tant qu’ « attraction » lors d’expositions universelles. Ils y simulaient des rites « authentiques » face au public blanc. S’agissait-il d’événements racistes et infamants ou d’un exemple d’échange interculturel ? Le phénomène des zoos humains et le mécanisme d’imagerie stéréotypée avec lequel il allait de pair sont-ils encore actuels ?

Et peuvent-ils nous apprendre quelque chose sur la façon dont nous abordons aujourd’hui la diversité ? Chokri et Zouzou Ben Chikha partent en quête, aux côtés d’artistes, de professeurs et de citoyens, des racines de la confiance brisée dans la société multiculturelle de notre époque.

La Commission de Vérité définira quels mensonges sont admissibles et lesquels ne le sont pas.